Six décès liés à la grippe dans un EHPAD du Loiret : les réponses à vos questions

Six personnes dont deux membres du personnel sont décédés à la suite de l'épidémie de grippe qui a frappé l'Ehpad des Ombrages, à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret). Manque d’analyses sur les causes des décès ? Grippe saisonnière ou grippe aviaire ? Démêlons le vrai du faux.

L’épidémie de grippe qui a frappé l'Ehpad des Ombrages, à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) a été particulièrement meurtrière. Six personnes sont décédées dont deux membres du personnel. 
 


Des décès qui ont provoqué l’émoi mais aussi l’inquiétude de beaucoup d’habitants de la Chapelle-Saint-Mesmin et, plus largement, de l’agglomération orléanaise.

Malgré les multiples points d’information transmis aux médias par l’Agence Régionale de Santé (ARS), de nombreuses questions restaient en suspens, ouvrant la voie aux rumeurs et aux suspicions. Voici des éléments d’explications pour permettre de faire la lumière sur tout ce qui ne paraissait pas très clair dans cette affaire.
 

Pourquoi un seul des six décès a-t-il été attribué à la grippe ?


L’Agence Régionale de Santé avait fait savoir dans un communiqué que "parmi les six décès, le virus de la grippe a été isolé chez un résident".  Un seul des décès peut donc être attribué à la grippe sur la foi d'analyses. Il s’agit d’une résidente de 85 ans décédée après avoir été transférée au CHR d’Orléans. 

Mais alors, pourquoi ne pas avoir effectué des analyses sur les autres victimes afin d’éliminer toute possibilité qu’une autre maladie soit responsable de cette hécatombe ? Contactée par téléphone, la Dr Françoise Dumay, directrice de la santé publique à l’ARS Centre-Val de Loire, explique qu’il "n’y a pas d’intérêt particulier à faire ces analyses".

Les analyses ne sont pas pratiquées à la demande de l’ARS, mais des médecins. "Tout le monde n’est pas prélevé. Dès lors que les personnes sont hospitalisées ou vues en consultation, c’est le médecin qui prend la décision de faire des analyses".

La dernière victime a ainsi bénéficié d’une analyse au cours de son hospitalisation et, selon la directrice de la santé publique :  "Il y aussi eu des prélèvements de personnels malades (il ne s'agit pas de ceux qui sont décédés, ndlr) qui ont aussi démontré la présence du virus de la grippe". Les deux membres du personnel décédés étaient en arrêt maladie et présentaient également des symptômes grippaux.

Suivant la procédure qui consiste donc à recouper ces informations, la directrice de la santé publique explique que, dans ce contexte de foyer grippal régional et national : "on a un très fort faisceau d’arguments qui dit que, compte tenu de l’ensemble des éléments, ces décès sont très vraisemblablement liés à la grippe. il n’y a pas de raisons de faire des analyses supplémentaires dans ce contexte"

Dans une logique identique, le Dr Dumay précise que "tous les ans, l’organisme Santé Publique France fait son bilan, et attribue un certain nombre de décès à la grippe en fonction du contexte d’épidémie de grippe ambiante."
 

S’agit-il du virus de la grippe aviaire ?


D’après les analyses effectuées, les résidents du centre de soins étaient atteints de la grippe saisonnière. Une grippe de type A qui a suscité les interrogations de beaucoup d’internautes sur les réseaux sociaux. 

"S’agit-il alors de grippe aviaire ?" Ce sont inquiétés plusieurs de nos lecteurs. L’Agence régionale de Santé l’a affirmé dans un communiqué : "Il ne s’agit en aucun cas de grippe aviaire." Mais pour le non-spécialiste en virologie, la confusion est possible.

Il faut savoir qu’il existe aujourd’hui trois types de grippe saisonnière : A, B et C. "C’est le virus A qui est prédominant cette année", explique la directrice la santé publique.

Les virus de type A se subdivisent en sous-types. Si la grippe saisonnière et la grippe aviaire appartiennent bien toutes les deux au groupe des virus de type A, il faut bien distinguer la grippe saisonnière (H1N1), de la grippe aviaire (H5N1).

Selon une publication de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : "La grippe H1N1 a provoqué une pandémie humaine en 2009. Cette souche de virus fait aujourd'hui partie des virus grippaux saisonniers. Elle se manifeste par une forte fièvre, des courbatures, des maux de gorge et de tête, ainsi qu'une grande fatigue."

À ne pas confondre donc avec la grippe aviaire (ou H5N1) qui est "un virus qui touche les oiseaux. Il ne se transmet pas d'homme à homme, mais une contamination chez l'homme par le biais d'un volatile infecté est possible."


Pourquoi tous les patients et membres du personnel n’étaient-ils pas vaccinés ? 


La vaccination des professionnels soignants, comme celle des patients, n’est pas obligatoire mais vivement recommandée. L’ARS a rappelé dans un communiqué que "dans le cadre de relations contractuelles entre l’ARS  et les établissements médicaux-sociaux et sanitaires, des objectifs sont fixés pour améliorer la couverture vaccinale."

Toujours selon l’Agence Régionale de Santé, trois des résidents décédés avaient été vaccinés. L’un des deux membres du personnel mort chez lui ne l’était pas. Pour le second, il est pour l’heure impossible de savoir s’il avait fait l’objet ou non d’une vaccination. 

"Il faut comprendre que le vaccin ne protège pas à 100% de la grippe", précise l’ARS. Pour les personnes très âgées qui ont un système immunitaire défaillant, le vaccin ne protège que de 15 à 20%. Pour la population générale, il protège à hauteur de 65-70%. 

L’an dernier, 13 000 décès ont été attribués a l’épidémie de grippe en France.
 

L'établissement a-t-il mis trop de temps à réagir ? 


Jusqu’au jeudi 31 janvier, l’établissement était confiné. Les visites des familles aux résidents étaient interdites et les allées et venues des patients et des soignants restaient très limitées.

L’établissement a affirmé avoir pris les dispositions sanitaires nécessaires en administrant un traitement préventif contre la grippe, du Tamiflu selon l’ARS. Les locaux ont été désinfectés et des consignes telles que le port de masques et la désinfection régulière des mains à l’aide d’un gel hydroalcoolique ont été communiquées. 

L’ARS a donc estimé jeudi que la situation était désormais "maîtrisée" : "On est en lien quasi constant avec l’établissement. Quand bien même il est rouvert, il y a quelques résidents encore malades donc des mesures barrières sont encore en place."


Y a-t-il une procédure judiciaire ?


Malgré ces mesures, le fils d’une patiente décédée a l’intention de saisir le tribunal administratif d’Orléans. Benoît Desroches estime la prise en charge de sa mère "trop tardive".

"Elle était malade depuis trois semaines. Elle est décédée samedi dernier et n’a été transférée à l’hôpital que 15 jours avant son décès. Je pense que si elle avait été avant a l’hôpital, peut-être qu’elle serait encore en vie aujourd’hui." La mère de Benoit Desroches n’avait pas été vaccinée cette année. 

Selon nos informations, aucune plainte ou saisine n’a été pour l’instant portée à la connaissance du tribunal administratif et du parquet d’Orléans. 
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